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Les schémas précoces inadaptés : comment notre passé modèle nos réactions présentes ?

Dernière mise à jour : 29 avr.

Quand l’histoire ne reste pas dans le passé


Nous aimons croire que notre passé est derrière nous.

Que ce qui a été vécu est rangé, digéré, terminé.


Et pourtant, dans nos réactions émotionnelles, dans nos comportements parfois disproportionnés, des morceaux du passé continuent d’exister.

Pas sous forme de souvenirs conscients. Mais sous forme de réflexes automatiques, d’attentes invisibles, de filtres inconscients.


C’est ce que la thérapie des schémas, développée par Jeffrey Young (1990), appelle les schémas précoces inadaptés.


Qu’est-ce qu’un schéma précoce inadapté ?


Un schéma est une sorte de carte intérieure.

C’est un ensemble d’émotions, de souvenirs, de croyances et de sensations qui se sont structurés très tôt, souvent dans l’enfance ou l’adolescence.


Ces schémas inadaptés se forment lorsque nos besoins fondamentaux — sécurité, affection, autonomie, reconnaissance, liberté d’expression — n’ont pas été suffisamment comblés.


En réponse à ces blessures précoces, nous construisons des schémas comme :


• « Je ne suis pas digne d’être aimé »,

• « Je dois tout contrôler pour être en sécurité »,

• « Je serai toujours abandonné »,

• « Mes besoins ne comptent pas ».


Ces schémas deviennent des lunettes déformantes à travers lesquelles nous interprétons nos expériences actuelles, souvent sans même nous en rendre compte.


Comment les schémas agissent-ils dans notre vie quotidienne ?


Un schéma inadapté agit comme un pilote automatique émotionnel.


Face à certaines situations, ce n’est pas notre moi adulte, rationnel et présent qui réagit.

C’est la part blessée en nous, celle qui cherche à éviter la douleur ancienne… même si cela n’a plus de sens dans l’ici et maintenant.


Quelques exemples :


• Une personne qui a intériorisé le schéma « d’abandon » peut devenir hypervigilante ou jalouse dans ses relations, même sans raison réelle.

• Quelqu’un qui porte le schéma « d’imperfection » peut saboter ses projets de peur d’être jugé.

• Un individu marqué par un schéma « de privation émotionnelle » peut avoir du mal à exprimer ses besoins ou à accepter l’amour qu’on lui donne.


Ces réactions ne sont pas des “défauts” de caractère.

Elles sont des réponses de survie, programmées depuis longtemps.


Pourquoi est-il si difficile de sortir de ses schémas ?


Parce que, paradoxalement, le schéma est souvent vécu comme familier, donc rassurant.

Même s’il fait souffrir, il est ce que l’on connaît. Il donne un cadre prévisible.


Rompre avec un schéma, c’est :


• Prendre le risque de l’inconnu,

• Remettre en question des croyances anciennes,

• Oser ressentir des émotions douloureuses refoulées.


Changer un schéma, ce n’est pas juste changer de comportement.

C’est un véritable travail de reparentage intérieur, où l’on apprend à répondre aujourd’hui à ses besoins fondamentaux, avec des ressources nouvelles.


Comment commencer à transformer ses schémas ?


Quelques étapes clés peuvent ouvrir la voie :


• Prendre conscience du schéma : identifier les déclencheurs, les émotions associées, les pensées automatiques.

• Reconnaître l’origine émotionnelle : comprendre d’où vient ce mode de fonctionnement, sans se juger.

• Expérimenter de nouvelles réponses : oser agir différemment, même si cela paraît inconfortable au début.

• Travailler sur l’autocompassion : apprendre à être pour soi-même la figure sécurisante qui a pu manquer.


La thérapie des schémas propose de combiner travail émotionnel, cognitif et comportemental pour ne pas simplement “comprendre”, mais ressentir et intégrer de nouveaux fonctionnements.


Ce que j’en retiens


Nous ne sommes pas prisonniers de notre passé.

Mais pour avancer vraiment, il est essentiel de reconnaître comment il continue d’influencer notre présent.


Changer ses schémas, ce n’est pas renier son histoire.

C’est choisir, pas à pas, de ne plus la laisser décider à notre place.


C’est devenir l’auteur conscient de son chemin intérieur,

plutôt que le lecteur passif d’un script ancien.


Références pour approfondir


• Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, M. E. (2003). Schema Therapy: A Practitioner’s Guide. Guilford Press.

• Young, J. E. (1990). Cognitive Therapy for Personality Disorders: A Schema-Focused Approach. Professional Resource Exchange.

• Arntz, A., & van Genderen, H. (2009). Schema Therapy for Borderline Personality Disorder. Wiley-Blackwell.

 
 
 

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