WOOP / SMART
- Roland Constantin
- il y a 6 jours
- 17 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 9 heures
WOOP / SMART
Accompagner la fixation d’objectifs de manière lucide et réaliste
« L’objectif n’est pas une cage, c’est une direction. Une boussole intérieure, pas une menace. »
Plan du document : Atteindre des objectifs de manière lucide et réaliste
Objectif général : Outiller l’accompagnement autour de la fixation et de la réalisation d’objectifs personnels ou professionnels, en combinant deux approches complémentaires :
• SMART : formulation claire, mesurable et stratégique des objectifs.
• WOOP (Gabriele Oettingen) : mobilisation mentale et émotionnelle réaliste face aux obstacles.
Plan détaillé
1. Introduction – Penser l’objectif : pourquoi, comment, avec quelles limites ?
2. Le modèle SMART : structurer un objectif de manière stratégique
3. Les biais classiques dans la formulation d’un objectif
4. Le modèle WOOP : transformer le désir en action réaliste
5. Complémentarité entre WOOP et SMART : quand et comment les combiner ?
6. Méthodologie d’accompagnement : questions, supports, posture
7. Études de cas en coaching individuel, en formation et en éducation
8. Fiches pratiques à usage autonome ou accompagné
9. Conclusion – Agir sans se trahir : l’objectif comme boussole, pas comme carcan
Chapitre 1 – Introduction : pourquoi l’objectif est un objet délicat en accompagnement
Clarifier l’intention avant de définir la direction
1.1. L’objectif, un outil puissant… et piégeux
Dans la plupart des accompagnements, la notion d’objectif est centrale. Elle semble à première vue simple et logique :
« Définir ce que l’on veut, pour savoir où aller. »
Mais dans les faits, la formulation d’un objectif :
engage des représentations implicites (« réussir », « changer », « atteindre »),
est parfois polluée par l’extérieur (pression sociale, attentes de l’entourage, normes de performance),
néglige souvent les freins internes (peurs, loyautés invisibles, fatigue, inconscient).
Ainsi, mal posé, un objectif peut devenir culpabilisant, irréaliste ou contre-productif.
1.2. Trois illusions fréquentes autour des objectifs
a) L’objectif serait purement rationnel
Or, tout objectif est traversé d’affect, d’histoire, d’ambivalence.
Exemple :
Un objectif de « changer de métier » peut cacher une peur de l’échec, une quête de reconnaissance, une pression familiale.
b) Un bon objectif garantit le passage à l’action
Mais sans régulation émotionnelle et identification des freins, même le plus SMART des objectifs reste lettre morte.
c) L’objectif est la finalité
En réalité, il est souvent un prétexte pour se mettre en mouvement, et ce qui compte vraiment, c’est la transformation identitaire sous-jacente.
1.3. Objectif et accompagnement : posture éthique et lucide
Accompagner quelqu’un dans la définition d’un objectif, c’est :
l’aider à clarifier ce qu’il veut vraiment,
nommer ce qui résiste,
faire émerger la tension créatrice entre désir et réalité.
Cela suppose :
de respecter la temporalité de la personne,
d’accueillir les hésitations sans forcer la décision,
de proposer des outils d’ancrage, pas des injonctions de réussite.
1.4. Pourquoi combiner SMART et WOOP ?
SMART est un excellent outil de structuration logique.
Mais il n’intègre ni la dimension émotionnelle, ni les obstacles psychiques.
WOOP, développé par la chercheuse Gabriele Oettingen, repose sur la visualisation contrastée :
elle permet de reconnecter le désir à la réalité, et surtout, d’anticiper lucidement les obstacles internes.
Ensemble, ces deux outils forment une approche complète et ajustable, qui aide à :
formuler clairement un objectif atteignable (SMART),
préparer mentalement la personne à traverser ses propres blocages (WOOP).
Chapitre 2 – Le modèle SMART : structurer un objectif de manière stratégique
Un cadre clair pour poser un cap mobilisateur
2.1. Origine et utilité du modèle SMART
Le modèle SMART a été développé dans les années 1980 dans un contexte de management, puis largement diffusé en coaching, en pédagogie et en accompagnement au changement.
Il propose de formuler un objectif selon cinq critères, pour qu’il soit :
Spécifique – Mesurable – Ambitieux / Acceptable – Réaliste – Temporellement défini
L’idée centrale est simple :
Un objectif vague n’est pas mobilisateur.
Un objectif bien formulé augmente la motivation, la clarté, et l’action possible.
.2. Les 5 critères expliqués un par un
S – Spécifique
L’objectif doit être clair, concret, ciblé.
On doit pouvoir répondre : De quoi parle-t-on exactement ?
Mauvais exemple : « Je veux être mieux dans ma vie. »
Bon exemple : « Le premier septembre, je fais partie d’une équipe engagée, avec une mission claire et alignée avec mes valeurs »
M – Mesurable
L’objectif doit pouvoir être évalué de façon observable : progrès, critères, indicateurs.
Mauvais exemple : « Je veux être plus en forme. »
Bon exemple : « 2 fois par semaine, je fais du sport activement. Je suis fidèle à ce rythme et mon corps le ressent. »
A – Ambitieux / Acceptable
Le A a plusieurs significations selon les versions :
Ambitieux : stimulant, motivant, engageant.
Acceptable : écologiquement respectueux de soi, de ses valeurs, de son contexte.
Bon exemple : « Le premier septembre, j’occupe un poste à responsabilité compatible avec ma vie privée. »
R – Réaliste
L’objectif doit être atteignable avec les ressources actuelles ou mobilisables.
Il peut être ambitieux sans être illusoire.
Un objectif irréaliste devient un facteur d’échec et de démobilisation.
T – Temporellement défini
Il doit être inscrit dans un délai, un calendrier, un tempo.
Exemple : «Le 15 juillet, mon site Internet professionnel est en ligne et fonctionnel. »
2.3. Un objectif SMART
Une bonne formulation SMART contient au moins 4 des 5 critères de manière explicite ou implicite.
Exemple complet :
Le 15 juillet (T), mon site vitrine est en ligne, avec trois pages principales et une page de contact (M). Il présente mon offre de coaching (S) de manière claire et professionnelle. Je l’ai construit en y consacrant deux heures par semaine (R). Je commence à recevoir des retours et à me faire connaître localement (A).
2.4. Limites et risques d’un usage rigide
a) Trop de structure tue le désir
Un objectif trop normé peut perdre son élan vital. Il devient une tâche, plus un élan.
b) Il oublie les obstacles internes
SMART ne prend pas en compte les freins émotionnels, les croyances limitantes, les conflits de loyauté, etc.
c) Il réduit parfois l’être au faire
Il peut amener à confondre performance et transformation, ce qui est risqué dans un accompagnement sensible.
2.5. En résumé : quand utiliser SMART ?
Le modèle SMART est particulièrement utile quand :
le projet est déjà mûr, mais a besoin de structure,
la personne est en phase de concrétisation ou de planification,
on veut clarifier un cap commun (en équipe, en co-projet),
le flou ralentit la mise en mouvement.
Mais il gagne en puissance lorsqu’il est combiné à une approche plus intérieure, comme WOOP.
Chapitre 3 – Les biais classiques dans la formulation d’un objectif
Quand l’objectif masque une peur, un mythe ou un conditionnement
3.1. Pourquoi un objectif peut échouer… même s’il est SMART
Il est fréquent qu’une personne :
définisse un objectif clair,
le planifie méthodiquement,
et… n’avance pas.
Cela n’est pas nécessairement dû à un manque de volonté. C’est souvent le signe que l’objectif est mal enraciné dans le réel psychique, émotionnel ou symbolique.
3.2. Biais cognitifs et pièges internes fréquents
a) L’objectif “symptôme”
L’objectif cache un mal-être plus profond.
Exemple :
« Je veux perdre 10 kg » = je veux retrouver de l’estime de moi / me sentir désirable.
L’objectif visible masque une quête affective non verbalisée.
b) L’objectif “hérité”
Ce n’est pas vraiment le mien.
Il vient :
d’une attente parentale,
d’une norme sociale (réussite, performance),
d’un idéal collectif (carrière, couple, image).
Il devient une source de tension, voire d’auto-sabotage inconscient.
c) L’objectif “trop tôt”
L’objectif est rationnellement cohérent, mais émotionnellement prématuré.
Exemple :
Une personne veut “retrouver un emploi” juste après un burn-out… alors qu’elle est encore en épuisement, culpabilité ou colère.
d) L’objectif “auto-punitif”
L’objectif est un déguisement d’autocritique ou de perfectionnisme.
Formulé comme :
« Je dois me reprendre »
« Je dois tout changer »
« Je veux faire mieux que les autres »
Il entretient la mésestime au lieu de la réparer.
e) L’objectif “flou volontaire”
L’objectif reste vague pour ne pas se confronter à l’échec ou au renoncement.
C’est un mécanisme de protection :
tant que je ne précise pas, je ne risque pas d’échouer,
tant que je ne choisis pas, je garde toutes les options ouvertes.
Exemple : « Je veux changer de vie »
3.3. En coaching : signes d’un objectif mal aligné
Voici quelques signaux que le coach ou accompagnant peut repérer :
Comportement ou parole | Hypothèse possible |
“Je veux ça… mais je ne m’y mets jamais” | Objectif non incarné ou trop ambitieux |
“Je ne sais pas ce que je veux” | Ambivalence ou loyautés invisibles |
“Je crois que je dois…” | Objectif hétéronome (imposé de l’extérieur) |
“Je vais y arriver, c’est une question de volonté” | Déni d’obstacles émotionnels ou structurels |
Silence ou gêne en nommant l’objectif | Crainte de ne pas être légitime |
3.4. Comment réajuster ? Des questions puissantes
Voici des questions permettant d’aller plus loin avant de fixer un objectif :
Que changerait cet objectif dans ta vie, vraiment ?
Si tu n’étais jugé par personne, que voudrais-tu vraiment ?
Qu’est-ce qui te fait peur si tu n’y arrives pas ?
Est-ce un objectif choisi… ou un objectif attendu ?
Qu’est-ce qui rendrait ce projet joyeux, pas juste valable ?
Quelle part de toi n’a pas encore été entendue dans ce projet ?
3.5. L’objectif n’est pas une injonction : c’est un révélateur
Ce n’est pas parce que l’on ne suit pas un objectif qu’on échoue :
Parfois, le but était faux ou mal formulé et le processus de prise de conscience est en soi une réussite.
Chapitre 4 – Le modèle WOOP : transformer le désir en action réaliste
Allier visualisation positive et lucidité sur les obstacles
4.1. Origine et fondements du modèle WOOP
Le modèle WOOP a été développé par la psychologue et chercheuse Gabriele Oettingen (Université de New York et Université de Hambourg).
Son approche s’appuie sur plus de 20 ans de recherches expérimentales en psychologie motivationnelle et cognitive.
Contrairement aux approches centrées uniquement sur la pensée positive, Oettingen a démontré que :
Imaginer un objectif sans confronter les obstacles réels peut diminuer la motivation et retarder l’action.
Elle propose donc un protocole simple et validé empiriquement :
WOOP = Wish – Outcome – Obstacle – Plan
4.2. Les 4 étapes du WOOP en détail
W – Wish (Souhait)
Identifier un souhait motivant, atteignable, clair et personnel.
Question type : Quel est ton souhait important à court ou moyen terme ?
Exemples : « Reprendre la course », « Améliorer ma communication avec mon équipe », « M’autoriser des temps de repos. »
O – Outcome (Résultat souhaité)
Visualiser les bénéfices concrets de la réalisation du souhait.
Comment te sentiras-tu ? Qu’est-ce que cela changerait dans ta vie ?
Exemples : Je me sentirais fier, libre, énergisé. J’aurais l’impression d’exister davantage pour moi.
O – Obstacle (Obstacle intérieur principal)
Identifier l’obstacle principal en soi, pas à l’extérieur.
Cela peut être :
une croyance limitante,
une peur,
une tendance à la procrastination,
un besoin contradictoire.
Exemples : Je remets à demain. J’ai peur de déranger. Je ne me sens pas légitime.
P – Plan (Plan d’action avec intention de mise en œuvre)
Formuler une stratégie de contournement avec une structure “Si… alors…” (if-then planning).
Exemples :
Si je me surprends à hésiter, alors je respirerai 3 fois et je dirai ce que je pense calmement.
Si je suis tenté de zapper ma sortie, alors je mettrai mes baskets et marcherai 5 minutes minimum.
4.3. Ce que le WOOP apporte de spécifique
Il intègre l’énergie du désir et l’intelligence de la lucidité.
Il prépare à l’auto-régulation émotionnelle : on n’est pas surpris par les blocages, on s’y attend.
Il favorise une forme de résilience proactive.
Oettingen parle de “contrasting mental imagery” :
Mettre côte à côte le rêve et l’obstacle crée une tension mobilisatrice.
4.4. Résultats de recherche et validation empirique
Les études de Gabriele Oettingen ont montré que le WOOP :
augmente la probabilité de passage à l’action,
améliore la persévérance face aux difficultés,
est efficace dans des contextes variés : santé, éducation, travail, relations, changements de comportement.
Références clés :
Oettingen, G. (2014). Rethinking Positive Thinking: Inside the New Science of Motivation.
Oettingen, G., & Gollwitzer, P. M. (2010). Implementation Intentions and Goal Achievement: A Meta‐analysis of Effects and Processes. Advances in Experimental Social Psychology, 42, 69–119.
4.5. Limites et précautions
Le WOOP est efficace pour des objectifs personnels et concrets, moins adapté aux projets collectifs abstraits.
Il ne remplace pas un accompagnement thérapeutique en cas de blocages profonds.
Il peut provoquer une prise de conscience inconfortable si l’obstacle est lié à une histoire douloureuse : d’où l’importance d’un cadre sécurisant.
Chapitre 5 – Complémentarité entre WOOP et SMART : quand et comment les combiner
Structurer l’objectif (SMART), puis l’incarner et le traverser (WOOP)
5.1. Deux logiques complémentaires, non concurrentes
Le modèle SMART structure un objectif du point de vue logique et stratégique.
Le modèle WOOP prépare le terrain émotionnel et motivationnel pour y parvenir.
SMART répond à : Quoi ? Comment ? Quand ?
WOOP répond à : Pourquoi ? Et qu’est-ce qui m’empêche de le faire ?
Utilisés ensemble, ils offrent un cadre complet pour accompagner un changement durable.
5.2. Quand commencer par SMART ? Quand commencer par WOOP ?
Situation du coaché | Approche initiale recommandée |
Objectif clair mais procrastination | Commencer par WOOP pour travailler l’obstacle |
Flou dans l’énoncé de l’objectif | Commencer par SMART pour clarifier |
Forte émotion (peur, colère, épuisement) | WOOP en premier, en douceur |
Projet bien avancé mais désalignement | WOOP pour vérifier que le désir est encore là |
Envie de planifier efficacement | SMART, puis WOOP pour consolider |
5.3. Exemple combiné : une personne veut lancer son activité indépendante
Étape 1 – Formulation SMART
« A fin septembre (T),
mon site Internet présentant mes services de graphisme (S),
avec un portfolio de 5 projets (M) est en ligne
afin d’attirer mes premiers clients (A).
J’y ai consacré 4 heures par semaine (R)»
Étape 2 – Séquence WOOP
Wish : Je veux avoir mon site en ligne et visible.
Outcome : Je me sentirai fière, légitime, engagée.
Obstacle : Je redoute les critiques. J’ai peur que mes projets ne soient pas assez pros.
Plan : Si je sens la peur monter, alors je relirai les retours positifs reçus, puis je m’accorderai 1h pour avancer sans viser la perfection.
5.4. Méthodologie en coaching : enchaînement possible des deux outils
1. Exploration initiale :
Quelle est ton envie, ton besoin ou ton cap du moment ?
2. Formulation SMART :
Travailler la clarté, la faisabilité, l’échéance.
3. Visualisation WOOP :
Que ressens-tu à l’idée de le réaliser ? Qu’est-ce qui pourrait t’en empêcher ? Et si cela arrive… que feras-tu ?
4. Reformulation finale intégrée :
À partir de ce que tu sais maintenant, que choisis-tu comme cap réaliste et mobilisateur ?
5.5. Recommandations pour un accompagnement équilibré
Ne pas forcer un passage par SMART si la personne n’a pas encore clarifié son désir profond.
Ne pas utiliser WOOP comme un outil de résolution rapide : il doit respecter les résistances.
Accueillir les contradictions entre objectif logique et élan émotionnel : elles révèlent souvent le vrai point d’évolution.
5.6. En résumé : une articulation en spirale
Nommer un cap clair (SMART)
Plonger dans l’univers subjectif (WOOP)
Réajuster l’objectif si besoin
Préparer la stratégie mentale pour traverser les blocages
L’objectif devient alors un engagement incarné,
et non un idéal désincarné.
Chapitre 6 – Méthodologie d’accompagnement : questions, supports, posture du coach
Accompagner un objectif, c’est accompagner un être en mouvement
6.1. Cadre éthique de l’accompagnement d’un objectif
Avant toute méthodologie, l’accompagnant doit se rappeler ceci :
Un objectif n’est jamais neutre.
Il engage la valeur personnelle, la peur du rejet, la quête de reconnaissance.
C’est pourquoi accompagner un objectif nécessite :
une écoute fine de l’intention réelle,
un respect du rythme,
la vigilance face aux injonctions de performance (même camouflées).
6.2. Posture du coach ou formateur
Dimension | Attitude recommandée |
Clarté | Aider à formuler sans imposer une structure figée |
Sécurité | Permettre d’oser exprimer les doutes ou les ambivalences |
Écoute | Discerner les non-dits derrière les formulations |
Lucidité | Oser confronter avec bienveillance les contradictions internes |
Soutien | Ancrer l’énergie dans la réalité, pas dans le fantasme |
6.3. Questions puissantes à poser dans chaque étape
Formulation de l’objectif (SMART)
Qu’est-ce que tu veux vraiment, là, maintenant ?
Comment saurais-tu que tu l’as atteint ?
Est-ce que cet objectif t’appartient ?
Quel est le bon rythme pour toi ?
Qu’est-ce que tu refuses de sacrifier en chemin ?
Exploration WOOP
Si tu imagines l’avoir atteint, que ressens-tu ?
Quel est l’obstacle qui vient en toi quand tu penses à agir ?
Quand cet obstacle surgit, comment réagis-tu ?
Quelle stratégie réaliste pourrais-tu mettre en œuvre si ça se produit ?
6.4. Supports utilisables avec les accompagnés
Support | Usage |
Grille SMART à remplir | Structurer l’objectif avec précision |
Feuille WOOP (souhait / résultat / obstacle / plan) | Visualisation concrète et plan de régulation |
Ligne du temps | Ancrer l’objectif dans une chronologie réaliste |
Visualisation guidée | Pour contacter l’émotion associée à l’objectif ou à l’obstacle |
Tableau des ressources | Mobiliser ce qui peut soutenir la démarche (interne et externe) |
6.5. Favoriser l’engagement durable (au-delà de la séance)
ormuler une micro-action entre deux séances.
Ex. : “J’écris le plan de mon site” ou “Je prends contact avec une personne ressource.”
Inviter à un auto-WOOP régulier sur les micro-étapes.
(Souhait – Résultat attendu – Obstacle – Plan concret)
Créer un journal de suivi : noter chaque semaine ce qui a été fait / non fait / appris.
6.6. Signaux d’ajustement ou de réorientation
Il est sain qu’un objectif évolue.
Voici des signes qu’il est peut-être temps de le reformuler :
Perte de motivation persistante malgré les rappels du sens.
Émergence d’un nouvel objectif plus vivant, qui absorbe l’énergie.
Sentiment de contrainte ou d’obligation dans le suivi.
Désalignement avec les valeurs profondes (conflit intérieur latent).
Le rôle du coach est alors d’aider à écouter ce signal, non de forcer la continuation.
Chapitre 7 – Études de cas en coaching individuel, en formation et en éducation
Des objectifs incarnés, ajustés, traversés
7.1. Coaching individuel – Objectif professionnel et blocage invisible
Contexte :
Hassan, 38 ans, souhaite se lancer comme consultant indépendant. Il formule un objectif clair : créer son site professionnel sous un mois.
Application SMART :
Spécifique : créer un site vitrine.
Mesurable : 4 pages, publication en ligne.
Acceptable : il dispose des compétences techniques.
Réaliste : 2h par soir lui suffiraient.
Temporel : en ligne d’ici le 30 juin.
Observation du coach : rien n’avance. Hassan reporte, évite le sujet.
WOOP en coaching :
Wish : avoir son site publié.
Outcome : se sentir aligné, visible, crédible.
Obstacle : peur d’être jugé par ses anciens collègues.
Plan : si je ressens la peur, alors j’écris un paragraphe pour moi seul, sans viser la perfection.
Résultat :
Reprise en main du projet, à son rythme.
Intégration émotionnelle de l’identité professionnelle.
Mise en ligne repoussée d’un mois… mais effectuée avec fierté.
7.2. Coaching d’équipe – Clarifier un objectif collectif
Contexte :
Une équipe éducative souhaite “améliorer la communication interne”. L’objectif est flou.
Intervention du coach :
Reformulation SMART :
Spécifique : réduire les conflits liés aux malentendus sur les rôles.
Mesurable : baisse des plaintes informelles de 50 % en 3 mois.
Temporel : phase test de septembre à novembre.
WOOP collectif (atelier) :
Wish : une ambiance plus fluide et moins tendue.
Outcome : bien-être au travail, confiance accrue.
Obstacle collectif : peur d’aborder les tensions, non-dits anciens.
Plan : si un conflit latent surgit, alors nous l’abordons dans un espace cadré prévu (réunion régulée).
Résultat :
Meilleure clarté sur ce qui était réellement visé.
Création d’un nouveau rituel d’équipe : le “quart d’heure relationnel”.
Émergence d’une dynamique d’entraide.
7.3. Formation (adultes en reconversion) – Objectif personnel à clarifier
Contexte :
Formation sur le projet de vie / reconversion. Une participante dit :
“Je veux retrouver du sens.”
SMART avec accompagnement :
Reformulation : « Identifier trois pistes réalistes de métier d’ici 2 mois. »
WOOP en auto-réflexion :
Wish : avoir des pistes qui me ressemblent.
Outcome : me sentir à nouveau actrice de ma vie.
Obstacle : peur de recommencer à zéro / dévalorisation ancienne.
Plan : si je ressens le découragement, alors j’écris une lettre à mon moi de demain pour me soutenir.
Résultat :
Trois pistes identifiées : entrepreneuriat, formation, artisanat.
Un regain de confiance fondé sur le fait d’avoir traversé une peur au lieu de la fuir.
7.4. Éducation (adolescents – projet scolaire)
Contexte :
Un élève souhaite “réussir son année” sans objectif clair.
Travail avec un accompagnant pédagogique :
Objectif SMART :
Augmenter de 2 points la moyenne en français et en math.
Fréquentation du soutien scolaire chaque semaine.
Objectif temporel : fin du trimestre.
WOOP adapté :
Wish : ne plus être en échec.
Outcome : fierté devant ses parents, valorisation personnelle.
Obstacle : sentiment d’incompétence / peur de l’humiliation.
Plan : si je me sens nul, alors je demande de l’aide à l’adulte en qui j’ai confiance.
Résultat :
Meilleure stabilité émotionnelle.
Reprise de confiance.
Moyennes en hausse… et sentiment d’avoir repris la main.
Le jeune a progressivement investi le soutien scolaire.
Il a identifié ses propres stratégies de révision (par l’écrit + oralisation).
Il a surtout reconnu qu’il n’était pas “nul”, mais qu’il avait besoin d’un cadre ajusté.
L’objectif initial a été atteint partiellement… mais il a ouvert la voie à une réhabilitation de l’estime de soi.
7.5. Synthèse : ce que ces cas révèlent
Contexte | Apport principal de SMART | Apport principal de WOOP |
Coaching individuel | Clarifie les étapes | Accueille la peur du jugement |
Coaching d’équipe | Cadre collectif partagé | Lève les non-dits et résistances |
Formation adulte | Traduit le flou en cap | Autorise à rencontrer les blocages profonds |
Scolarité | Donne des repères objectifs | Protège du découragement et du rejet |
|
|
|
Dans tous les cas, la complémentarité entre SMART et WOOP permet :
de respecter l’humain,
de mobiliser la volonté sans forcer,
et de construire une autonomie réflexive face à l’atteinte d’objectifs.
Chapitre 8 – Fiches pratiques à usage autonome ou accompagné
Des supports concrets pour clarifier, ancrer et réguler
8.1. Fiche SMART – Formuler un objectif clair
Intention : Structurer un objectif mobilisateur, mesurable et atteignable.
Élément | Question guidante | Exemple |
S – Spécifique | Que veux-tu concrètement ? | Je veux créer un blog personnel |
M – Mesurable | Comment sauras-tu que tu y es arrivé ? | 3 articles publiés avant le 30 juin |
A – Acceptable / Ambitieux | Pourquoi est-ce important pour toi ? | C’est mon espace de création |
R – Réaliste | Est-ce atteignable avec tes moyens ? | Oui, 2h/semaine suffisent |
T – Temporel | Quelle est l’échéance ? | Avant fin juin |
À la fin : reformule ton objectif en une phrase complète intégrant les 5 éléments.
8.2. Fiche WOOP – Travailler l’obstacle et le plan
Intention : Identifier le souhait, imaginer son impact, reconnaître l’obstacle, et construire une réponse.
Étape | Question | Exemple |
W – Wish (souhait) | Quel est ton désir atteignable ? | Reprendre le sport régulièrement |
O – Outcome (résultat souhaité) | Que ressentiras-tu si tu réussis ? | Fierté, plus d’énergie |
O – Obstacle (obstacle intérieur) | Qu’est-ce qui pourrait te bloquer en toi ? | Flemme après le travail |
P – Plan (si… alors…) | Que peux-tu faire si ça arrive ? | Si j’hésite, alors je mets mes baskets pour juste 10 minutes de marche |
8.3. Fiche combinée SMART x WOOP
Objectif formulé (SMART)
S – Spécifique
Que veux-tu vraiment atteindre ?
→ ___________________________________________________
M – Mesurable
Comment sauras-tu que c’est atteint ?
→ ___________________________________________________
A – Atteignable
As-tu les moyens ou les conditions nécessaires ?
→ ___________________________________________________
R – Réaliste / Pertinent
En quoi cet objectif fait sens pour toi, aujourd’hui ?
→ ___________________________________________________
T – Temporel
À quelle date, ou dans quel délai précis ?
→ ___________________________________________________
WOOP associé
W – Wish (Souhait profond)
Quel est ton désir essentiel ?
→ ___________________________________________________
O – Outcome (Résultat émotionnel)
Comment te sentiras-tu quand ce sera accompli ?
→ ___________________________________________________
O – Obstacle (interne)
Qu’est-ce qui, en toi, pourrait faire obstacle ?
→ ___________________________________________________
P – Plan (régulateur)
Si cet obstacle apparaît, que feras-tu ?
→ ___________________________________________________
Compléments utiles
Ressources internes déjà présentes
→ ___________________________________________________
Soutiens ou alliés extérieurs possibles
→ ___________________________________________________
8.4. Carte de progression hebdomadaire
Semaine | Micro-objectif (SMART) | Obstacle rencontré | Réponse mise en place (WOOP) | Ressenti global |
1 |
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|
|
2 |
|
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|
|
3 |
|
|
|
|
À utiliser sur 3 à 6 semaines pour ancrer une dynamique.
8.5. Fiche “Réévaluation”
Quand tu sens que tu n’avances pas ou que l’élan retombe…
Mon objectif me motive-t-il encore ? Pourquoi ?
Est-ce vraiment ce que je veux ? Ou est-ce ce qu’on attend de moi ?
Quel serait un petit pas dans la même direction, mais plus juste aujourd’hui ?
Ai-je respecté mes limites ? Mes besoins ?
Que dirait une version bienveillante de moi-même à celle qui doute ?
Chapitre 9 – Conclusion : l’objectif comme boussole, non comme tyran
Choisir un cap, sans se perdre en chemin
9.1. L’objectif n’est pas une cage, c’est une direction
Dans les mondes de la performance, de la productivité ou du développement personnel, l’objectif est souvent présenté comme un absolu :
« Il faut avoir un but. Il faut l’atteindre. Il faut se dépasser. »
Mais cette vision peut devenir une violence douce, une pression invisible, un diktat intérieur.
En coaching, en formation ou en accompagnement, notre rôle n’est pas de rajouter une couche de contrôle.
Notre rôle est d’aider à trouver un cap aligné.
Une direction qui respecte la réalité émotionnelle, contextuelle et existentielle de la personne.
9.2. Un bon objectif est un tremplin, pas une menace
Un objectif juste :
met en mouvement,
honore les ressources présentes,
reconnaît les fragilités sans les nier,
autorise les ajustements en cours de route,
et surtout : invite à se rapprocher de soi-même.
C’est une boussole. Pas une flèche gravée dans le marbre.
9.3. Le rôle fondamental du cadre et de la conscience
WOOP et SMART ne sont pas des outils magiques.
Ils deviennent pertinents quand ils sont insérés dans un espace d’accompagnement sincère, porté par une posture claire :
Élément | Attitude d’accompagnement |
Clarté | Aide à nommer sans imposer |
Respect | Accueille les rythmes et les résistances |
Rigueur | Structure sans rigidifier |
Confiance | Croit en l’élan même s’il tarde à venir |
Souplesse | Autorise à modifier le but sans trahir le sens |
L’objectif n’est jamais plus important que la personne qui le porte.
9.4. En guise d’ouverture : agir sans se trahir
Il n’y a pas de recette pour atteindre un objectif.
Mais il y a des chemins justes, des façons de marcher, des ajustements possibles.
Certains objectifs nous changent en chemin.
D’autres nous révèlent nos fidélités invisibles.
D’autres encore s’effacent… pour laisser place à quelque chose de plus vrai.
Accompagner un objectif, c’est accepter qu’il n’est pas la fin, mais une fenêtre vers une version plus vivante, plus libre, plus ajustée de soi.
“L’objectif n’est pas là pour nous emprisonner dans une ligne droite. Il est là pour nous permettre d’exister avec intention, et d’avancer en conscience.”
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