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Photo du rédacteurRoland Constantin

Reviviscence traumatique: quand le contexte fait revivre le trauma!

En tant qu’éducateur et coach spécialisé dans l’accompagnement des adolescents en rupture sociale, il est essentiel de maîtriser les concepts qui touchent de près leur vécu émotionnel et psychologique. Parmi ces concepts, celui de la reviviscence traumatique est particulièrement important. Les jeunes que nous accompagnons ont souvent vécu des expériences traumatisantes, et il est crucial de comprendre comment ces traumatismes peuvent ressurgir dans leur quotidien. Dans cet article, je vais définir la reviviscence traumatique, en expliquer les causes, donner des exemples concrets, et proposer des pistes pour limiter ces réactivations de traumatismes, notamment dans les contextes de foyers d’accueil, d’écoles, ou d’autres environnements encadrants.



  • Qu’est-ce que la Reviviscence Traumatique ?



La reviviscence traumatique fait référence à un phénomène où une personne revit, de manière intense et involontaire, un événement traumatique passé. Ces reviviscences peuvent être déclenchées par des situations, des sons, des odeurs, ou d’autres stimuli qui rappellent, consciemment ou inconsciemment, le traumatisme initial.



Pour un adolescent ayant été victime de violence physique ou psychologique, ces reviviscences peuvent se manifester sous forme de flashbacks, d'angoisses soudaines, ou d'un sentiment de panique incontrôlable. La reviviscence peut se produire dans des contextes variés et être déclenchée par des événements apparemment anodins pour d’autres, mais très significatifs pour la personne traumatisée.



  • Causes de la Reviviscence Traumatique



Les causes de la reviviscence traumatique sont liées à des déclencheurs qui réactivent la mémoire du traumatisme initial. Ces déclencheurs peuvent être très variés :



- Des sons spécifiques : Par exemple, des cris ou des bruits violents peuvent rappeler à un adolescent les scènes de violence qu’il a vécues chez lui.


- Des comportements : Un acte agressif ou une attitude menaçante peut réactiver des sentiments d'insécurité.


- Des lieux ou des situations similaires : Le simple fait de se retrouver dans un contexte qui ressemble à celui où le traumatisme a eu lieu peut suffire à faire resurgir les émotions liées au traumatisme.


- Des paroles ou des mots : Certaines expressions ou certains tons de voix peuvent rappeler des moments traumatiques.



  • Exemples Concrets de Reviviscence Traumatique



1. Foyer d’accueil : 


Imaginons un adolescent placé dans un foyer après avoir été exposé à des violences domestiques et à des cris incessants à la maison. Un jour, dans ce foyer, un autre jeune entre dans une crise de colère et commence à hurler. Ces hurlements, bien qu'ils ne soient pas dirigés contre lui, rappellent à l’adolescent les cris de ses parents. Il peut alors revivre, émotionnellement et physiquement, la peur et l’angoisse qu’il ressentait chez lui, comme s'il était de nouveau dans cette situation de danger.



2. École : 


Un autre exemple pourrait être celui d'une adolescente qui, après avoir été victime de harcèlement scolaire, réagit de manière disproportionnée lorsqu’elle entend des élèves se disputer violemment. Même si cette dispute ne la concerne pas directement, elle peut revivre la terreur et l’humiliation qu'elle a vécues auparavant, ce qui la pousse à s'isoler ou à se mettre en situation de défense extrême.



3. Activités de groupe : 


Dans un contexte de groupe, une activité qui demande une performance ou une exposition de soi peut être un déclencheur pour un jeune ayant vécu des situations d’humiliation ou de rejet. Si un enseignant ou un animateur demande à ce jeune de participer sans prendre en compte son passé, il pourrait revivre les sentiments de honte ou de vulnérabilité qu’il a connus, et réagir par de l’anxiété intense ou un refus catégorique.



  • À Quoi Être Attentif pour Limiter les Reviviscences Traumatiques



En tant que professionnels, nous devons être vigilants pour minimiser les risques de reviviscence traumatique chez les jeunes que nous accompagnons. Voici quelques points d'attention :



1. Identifier les déclencheurs potentiels : 


Connaître l’histoire du jeune et être attentif aux éléments de son environnement qui pourraient réactiver son traumatisme. Cela peut inclure des situations stressantes, des interactions avec d’autres jeunes, ou même des activités spécifiques. Chaque adolescent ayant une sensibilité particulière, il est important de rester à l'écoute de ses réactions pour comprendre ce qui peut déclencher une reviviscence.



2. Créer un environnement sécurisant : 


Les jeunes doivent se sentir en sécurité, tant physiquement qu’émotionnellement. Cela signifie qu'il est crucial de maintenir une atmosphère calme, prévisible, et respectueuse. Les règles du lieu doivent être claires et appliquées avec empathie, sans recours à des actions brutales ou humiliantes.



3. Adapter les interventions : 


Dans les moments de crise, il est essentiel d’adapter son intervention pour éviter de renforcer le traumatisme. Par exemple, si un jeune est confronté à une situation qui le met en détresse, privilégiez des approches douces et rassurantes. Évitez les interrogations intrusives ou les gestes brusques qui pourraient être perçus comme une menace.



4. Encourager l'expression des émotions : 


Il est important de donner aux jeunes les moyens d'exprimer ce qu'ils ressentent. Cela peut se faire à travers des séances de parole, des activités artistiques ou créatives, ou même par des entretiens individuels réguliers. Le fait de pouvoir mettre des mots sur leurs émotions aide souvent les jeunes à prendre de la distance par rapport à leurs traumatismes.



5. Former le personnel encadrant : 


Tous les intervenants, qu’ils soient éducateurs, enseignants, ou animateurs, doivent être formés à reconnaître les signes de reviviscence traumatique et à savoir comment réagir. Une mauvaise gestion de ces situations peut aggraver le traumatisme. Une formation continue sur les traumatismes et leurs impacts est donc essentielle.



6. Collaborer avec des professionnels de la santé mentale : 


Dans les cas où les reviviscences sont fréquentes et perturbent gravement la vie du jeune, il est important de travailler en collaboration avec des psychologues ou des psychiatres. Ces professionnels peuvent proposer des thérapies adaptées, comme la thérapie cognitivo-comportementale ou la désensibilisation, pour aider le jeune à mieux gérer ses déclencheurs.



  • En conclusion



La reviviscence traumatique est un phénomène puissant qui peut réactiver des blessures profondes chez les jeunes en rupture sociale. En tant qu’éducateurs et coachs, notre rôle est de prévenir autant que possible ces réactivations en créant des environnements sûrs, en restant attentifs aux signaux d’alerte, et en adaptant nos interventions avec bienveillance et compréhension. Il est également essentiel de collaborer avec des professionnels spécialisés lorsque nécessaire, pour offrir à ces jeunes les meilleures chances de se reconstruire et de trouver un chemin vers la résilience.

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