Le recadrage en coaching : transformer une croyance limitante sans la brusquer
- Roland Constantin
- 27 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 avr.
Quand une croyance devient un mur
En coaching, il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui se heurtent à des murs invisibles.
Des phrases comme :
« Je ne suis pas assez bon. »
« Ce n’est pas pour moi. »
« Je n’y arriverai jamais. »
Ces croyances ne sont pas nées par hasard. Elles se sont souvent installées au fil d’expériences vécues, pour protéger, expliquer ou donner du sens.
Derrière une croyance limitante, il y a toujours une tentative de survie ou d’adaptation.
Le défi, en coaching, n’est pas de faire disparaître la croyance de force.
C’est d’ouvrir une autre lecture, avec respect, sans brusquer.
Recadrer, ce n’est pas corriger
Le concept de recadrage trouve son origine dans les travaux de Gregory Bateson (1972) et a été largement développé par l’école de Palo Alto, notamment par Paul Watzlawick (Change : Principles of Problem Formation and Problem Resolution, 1974).
L’idée est simple, mais puissante : changer la perception que l’on a d’une situation change profondément la manière dont on y réagit.
En coaching, recadrer ne veut pas dire “prouver que l’autre a tort”.
Cela veut dire offrir une autre manière de voir, redonner du mouvement là où il y avait blocage.
Un recadrage réussi ne contredit pas : il élargit.
Il respecte la logique interne de la personne, tout en l’invitant à envisager d’autres possibles.
Transformer avec douceur
Dans le modèle de la Programmation Neuro-Linguistique (Bandler & Grinder, 1975), le recadrage est aussi vu comme un changement de contexte ou de sens.
Deux approches complémentaires pour transformer une croyance limitante :
• Recadrage de contexte : montrer que ce qui paraît problématique dans une situation peut être une ressource dans une autre.
• Recadrage de signification : donner un nouveau sens à l’expérience vécue.
Exemples simples en coaching :
• « Peut-être que cette prudence que tu vois comme une faiblesse t’a aussi permis d’éviter des erreurs importantes. »
• « Et si ton besoin de tout maîtriser n’était pas un défaut, mais une compétence précieuse que tu peux canaliser différemment ? »
Le respect est au cœur de l’accompagnement.
On ne démonte pas les croyances comme on démonterait une machine.
On les écoute, on les honore… avant de proposer une autre voie.
Le secret : l’écoute avant l’ouverture
Avant de chercher à transformer une croyance, il est essentiel :
• De comprendre sa fonction,
• De valider la part d’expérience réelle qu’elle contient,
• De reconnaître l’intelligence adaptative qui a conduit la personne à s’y accrocher.
Un recadrage trop rapide, trop directif, risque d’être vécu comme une violence intérieure.
C’est en créant un espace de sécurité que la personne pourra s’autoriser à déplacer son regard.
Ce que j’en retiens
Recadrer, en coaching, c’est semer doucement des graines de possibilités.
C’est reconnaître que changer ne vient pas de l’extérieur, mais d’un mouvement intérieur de la personne qui, un jour, se permet de voir autrement.
Notre rôle, en tant qu’accompagnant, n’est pas de forcer ce changement.
C’est de l’accompagner avec patience, curiosité, respect.
Et parfois, il suffit d’une question bien posée, d’un regard différent proposé sans pression… pour ouvrir un chemin que la personne n’avait pas encore osé imaginer.
Références
• Bateson, G. (1972). Steps to an Ecology of Mind. Chandler Publishing Company.
• Watzlawick, P., Weakland, J., & Fisch, R. (1974). Change: Principles of Problem Formation and Problem Resolution. W. W. Norton.
• Bandler, R., & Grinder, J. (1975). The Structure of Magic I: A Book About Language and Therapy. Science and Behavior Books.
À noter :
• Ce sont les vrais fondateurs du concept de recadrage dans l’accompagnement.
• Bateson a posé la théorie des “changements de cadre” dans la communication.
• Watzlawick a intégré cette théorie dans les interventions thérapeutiques.
• Bandler et Grinder ont adapté et vulgarisé cette notion dans le développement personnel et le coaching via la PNL.
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