Le rôle de l’attachement dans la construction de l’identité adulte
- Roland Constantin
- 27 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 avr.
Quand le lien devient socle
Dès les premiers instants de la vie, nous sommes des êtres de lien.
Pas simplement pour être nourris ou protégés.
Mais pour exister dans le regard de l’autre, pour nous sentir reconnus, validés, sécurisés.
Ce besoin profond d’attachement n’est pas une faiblesse :
c’est une condition même de la construction de notre identité.
Les travaux de John Bowlby (1969) et Mary Ainsworth (1978) ont montré que la qualité des premiers liens affectifs tisse une matrice invisible, mais puissante, qui influence non seulement nos relations futures…
mais aussi la manière dont nous nous percevons nous-mêmes.
L’attachement : une base pour se construire
Un attachement sécurisant — c’est-à-dire un lien où l’enfant se sent accueilli, consolé, encouragé — permet de développer :
• La confiance en soi : « Je suis digne d’amour tel que je suis. »
• Le sentiment d’efficacité personnelle : « Je peux explorer le monde et revenir en sécurité. »
• La capacité d’autorégulation émotionnelle : savoir apaiser sa détresse sans se couper de ses émotions.
À l’inverse, un attachement insécurisant (instable, distant, intrusif ou imprévisible) peut engendrer :
• Des doutes sur sa propre valeur,
• Une peur chronique de l’abandon ou de l’envahissement,
• Des difficultés à construire une identité stable et autonome.
Le lien aux figures d’attachement devient donc le premier miroir dans lequel nous découvrons qui nous sommes — ou pensons être.
Comment l’attachement influence l’identité adulte ?
L’enfant devient adulte.
Mais les empreintes relationnelles demeurent.
Elles façonnent silencieusement notre manière d’être en lien et d’être au monde.
• Celui qui a grandi avec une base affective solide ose généralement s’affirmer, tout en restant capable de se relier aux autres.
• Celui qui a connu des carences affectives peut rechercher sans cesse l’approbation extérieure… ou, au contraire, se barricader dans une indépendance défensive.
• Celui qui a vécu des liens instables peut osciller entre fusion et rejet dans ses relations adultes.
Notre manière de nous attacher aux autres, à nos projets, à nous-mêmes,
porte l’empreinte de nos premiers attachements.
Vers une identité plus libre
La bonne nouvelle, c’est que l’histoire n’est pas figée.
Même si l’attachement précoce a laissé des marques douloureuses, l’adulte peut reconstruire son socle intérieur.
Comment ?
• En prenant conscience des schémas relationnels hérités du passé,
• En développant de nouvelles expériences de lien sécurisant (thérapie, relations de confiance, soutien affectif),
• En cultivant une base de sécurité intérieure : apprendre à devenir soi-même une figure d’attachement bienveillante pour son propre monde intérieur.
Se réapproprier son histoire d’attachement, c’est ne plus être condamné à la revivre.
C’est ouvrir la possibilité d’une identité choisie, et non subie.
Ce que j’en retiens
L’identité ne se construit pas dans le vide.
Elle prend racine dans la qualité des liens qui nous entourent.
Reconnaître l’impact de l’attachement sur qui nous sommes devenus,
c’est se donner la chance de réparer ce qui peut l’être,
et de bâtir, pas à pas, une identité plus libre, plus consciente, plus habitée.
Références pour approfondir
• Bowlby, J. (1969). Attachment and Loss: Vol. 1. Attachment. Basic Books.
• Ainsworth, M. D. S. (1978). Patterns of Attachment: A Psychological Study of the Strange Situation. Lawrence Erlbaum.
• Jeammet, P. (1999). Adolescence et psychopathologie. Masson.
• Wallin, D. J. (2007). Attachment in Psychotherapy. Guilford Press.
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